Presse
DISQUE HAYDN - HUMMEL (Mirare)
Critique parue dans Classica, mars 2015, Marc Vignal
Le Trio Chausson signe une grande réussite, aussi bien dans le Trio en sol mineur et dans celui en mi mineur n°25 que dans le "grand" Trio en ut majeur. Dans cet ouvrage de haute maturité, plus encore que dans les deux précédents, le Trio Chausson allie finesse avec énergie. On s'en aperçoit dès le début, et cela se confirme avec l'épisode en mi mineur, rageur, aux constantes oppositions de nuances, de l'Adagio central en la majeur, et avec les martèlements du finale. Dans l'épisode en si bémol majeur du Menuet du n°5, le violon chante comme il faut, et du n°25 sont mis en valeur aussi bien le dramatisme que le lyrisme et l'humour.
Critique parue dans Gramophone, février 2015, Nalen Anthoni
L'interprétation du Trio Chausson abonde en caractérisation harmonique et détails expressifs. Le pianiste Boris de Larochelambert conduit et soutient, que cela soit dans les profondeurs de l'Andante du Hob.XV:27 ou dans la ferme résolution du Presto final. Jamais trivial, de Larochelambert dose le poids de chaque note et chaque accord avec soin, ses collègues épousant son agogique dans l'Alegro moderato du n°12, tendant et relâchant le tempo, accentuant et atténuant la conduite des phrases en fonction de la façon dont ils choisissent de caractériser la tonalité changeante de cette musique.
Revenir à la droiture baroque du n°1 ne pose aucun problème. Ces musiciens offrent leurs propres dynamiques et proposent leurs propres solutions, recréant avec le sourire le Trio du second mouvement au relatif majeur.
Hummel [...] n'est pas un petit compositeur du genre non plus et fait preuve de plus de générosité avec le violoncelle, en particulier dans la première variation de l'Andante. Le Trio Chausson ne relâche pas sa vigilance dans son exploration; et Hummel en tire profit. Un disque exceptionnel.
WIESLOCH (Allemagne) - PALATIN
Paru le 14 janvier 2020 dans le Rhein Neckar Zeitung, Klaus Roß
Le trio Chausson a eu beaucoup de chance, pour le 6e concert de la saison des amis de l'art de Wiesloch, de pouvoir faire appel à l'altiste Violaine Despeyroux (en remplacement de Mathieu Herzog, malade) à si brève échéance. Grâce à l'énorme flexibilité du quatuor ainsi formé, il a été possible de conserver le programme proposé: une rareté de Ferdinand Ries et le 2e quatuor d'Antonin Dvorak.
Une belle découverte que cette œuvre de Ries (op.13 en fa mineur), qui en dépit de nombreuses réminiscences de l'art de son professeur et ami Beethoven, laisse déjà apparaître les premiers traits du romantisme.
Le jeu des français - remarquablement attentifs au discours harmonique - et la flexibilité du pianiste ont, certes, à peine suffi à compenser les redondances du premier mouvement, mais leur ont permis de déployer dans les tendres variations de l'Andantino et le final aux sonorités slaves tout le charme de cette musique gratifiante.
"Élégance et clarté, liberté de la forme, équilibre des proportions, douceur rêveuse, pure expression du sentiment, génie enchanteur": Claude Debussy ne tarissait pas d'éloges au sujet de son collègue Ernest Chausson, disparu tragiquement à l'âge de 44 ans. L’œuvre du jeune compositeur, élève de Franck, oscille entre tristesse mélancolique et vigueur enfantine dans ses élans; elle a suscité à juste titre un émerveillement sans réserve. Le pianiste Boris de Larochelambert, le violoncelliste Antoine Landowski et Matthieu Handtschoewercker, le nouveau violoniste du trio, l'ont défendue de manière exemplaire par leur dialogue et leur sensibilité aux couleurs phénoménaux. Une véritable euphorie sonore pour les fans de romantisme, qui a catégoriquement réaffirmé le rang de l'ensemble fondé en 2001.
Le quatuor de Dvorak op.87 est étrangement moins joué que le populaire quintette op.81 ou le célèbre trio "Dumky" op.90; il n'a pourtant pas à pâlir auprès de ces hits du répertoire en termes d'imagination ou d'ingéniosité. Les trois spécialistes du trio et leur collègue altiste, également impressionnante instrumentiste, en ont livré une interprétation superbement inspirée, tout aussi redevable à la force presque symphonique des mouvements extrêmes qu'à l'esprit lyrique des mouvements centraux - une combinaison parfaite d'équilibre, de finesse d'expression et de bonne humeur. Le mouvement final du quatuor a été redonné de manière étincelante pour clore le concert après des applaudissements enthousiastes.
FESTIVAL DE PONTLEVOY
Paru le 24 juillet 2019 dans Bachtrack, Jean Landras
[...] Le Trio Chausson a fait vibrer le public grâce à une interprétation pleine d'intelligence, de sensibilité, de dextérité, du Trio pour piano en sol mineur op. 8 de Chopin et du Trio en la mineur, op. 50 de Tchaïkovski, réunis sous le vocable : « Le Romantisme en Trio ».
En prélude, Matthieu Handtschoewercker (violon), Antoine Landowski (violoncelle) et Boris de Larochelambert (piano) ont donné l'Introduction et Polonaise brillante en Do Majeur, Op. 3 pour piano et violoncelle de Chopin. La transcription pour trio par Boris de Larochelambert instaure de subtils échos entre les deux cordes. On admire la riche complicité entre elles, enveloppées par une partie de piano virtuose colorant le thème introductif puis la polonaise elle-même, au fil de larges gammes fluides et cristallines d'une étonnante célérité. Le thème de la polonaise et ses développements sont enlevés avec entrain, le pianiste semblant sans cesse relancer le jeu, ornementant les phrases, assurant les transitions. Les cordes – aux attaques et à la cohésion sans faille – impriment un tempo fougueux, doublé de la belle expressivité épurée du violon et d'un violoncelle aux graves tressaillants. Toutefois, les qualités du Trio Chausson rencontrent au début du concert une acoustique un peu sèche ; les instrumentistes s'y adaptent cependant peu à peu, sachant, en définitive, faire sonner brillamment cordes et piano, consacrant à la fois leur technique et le potentiel d'une authentique salle de concert.
[...] Le premier mouvement du trio de Chopin permet au public d'apprécier parfaitement l'art avec lequel le talent de chaque interprète est mis au service à la fois de sa propre partie et de l'ensemble. Chaque instrument prend, notamment à partir de la première reprise de l'introduction, un relief où le détail devient essentiel : des coups d'archet d'une netteté et d'un engagement énergique et joyeux aux brillantes saillies du piano. Cet « Allegro con fuoco » enthousiasme un public qui ne peut retenir ses applaudissements.
Le « Scherzo », singulièrement legato mais très dansant, ayant quelque chose d'une mazurka, est exécuté avec une passion communicative. Le troisième mouvement, le plus court, n'est pas le moins dense. Son largo inspiré et ses nuances sont rendus avec soin, culminant dans une section finale marquée par un stupéfiant silence de plus de deux mesures avant une cadence à l'expression tout intériorisée, image du mouvement entier. Ouvrant le dernier mouvement, « Allegretto », Boris de Larochelambert donne au piano un éclat presque concertant, les cordes puissantes venant dialoguer avec lui. La mélodie simple, chantante, construite sur un rythme et un phrasé primesautiers, trouve dans le violon de Matthieu Handtschoewercker et le violoncelle d'Antoine Landowski la marque d'une grande fraîcheur.
[Tchaikovsky:]
Les Chausson conservent intactes les qualités déjà applaudies, en particulier le souci du détail, rendant particulièrement sensible la progression, ponctuée de plusieurs crescendo, du Moderato assai vers l'Allegro giusto au sein du premier mouvement. Les reprises du thème initial, au demeurant plus recueillies que funèbres jusqu'au pianissimo conclusif, sont particulièrement prenantes. Une intense émotion se dégage également de l'Adagio con duolo introduit de manière inspirée par le touchant solo de Matthieu Handtschoewercker.
Parmi les variations constituant la deuxième partie, sur un thème énoncé avec délicatesse au piano, l'ébouriffant Scherzoso (variation III) illustre bien la cohésion et la virtuosité des trois concertistes. Ces qualités sont également manifestes au long des autres variations avec, toutefois, un peu trop d'emphase dans la cadence finale de la variation VII et un manque (certes minime) de légèreté dans la fugue au reste tout en virtuosité (variation VIII). L'ultime variation est d'une finesse accomplie. La dernière partie de l'œuvre est extraordinairement contrastée entre la reprise con fuoco du thème d'ouverture vigoureusement et admirablement rendue et la marche funèbre finale dont les toutes dernières notes murmurées au piano laissent le public comme pétrifié, un moment de silence absolu s'écoulant avant les applaudissements.
En bis, le Trio Chausson adresse brillamment et chaleureusement son au revoir au public à travers le troisième mouvement du Trio pour piano Hob.XV.27 de Haydn.
REUTLINGEN: STADTHALLE
Paru le 15 décembre 2016 dans le Reutlingen General Anzeiger, Christoph B. Ströhle
Expressif et fantômatique
La reine Victoria comptait parmi les admirateurs de Cécile Chaminade (1857-1944), qui reçut la Légion d'honneur en tant que première compositrice française. Les français du Trio Chausson ont réussi mardi à rapprocher sa musique du public allemand. Le 2e trio de Chaminade en la mineur op. 34 a été l'un des moments forts du concert.
L'Allegro moderato initial sonne avec expression, chaleur et semble inondé de soleil sous les doigts de Léonard Schreiber (violon), Antoine Landowski (violoncelle) et Boris de Larochelambert (piano) ; ses épisodes sombres et dramatiques sont eux aussi mis en valeur de façon captivante.
Les trois musiciens rendent le Lento avec paix et douceur, éclairant les notes les plus sensibles avec finesse et laissant merveilleusement s'épanouir ses motifs. Ce qui n'empêche pas cette musique touchante et envoûtante, préfigurant l'art de Maurice Ravel, de suivre une nécessité intérieure. Tonnerre de théâtre et poésie, extase et finesse sonore se mêlent dans le finale Allegro energico, auquel le trio apporte feu et ardeur dans une performance impressionnante.
Le poids de la terre s'envole
Les musiciens s'approprient à merveille le Trio de Beethoven op. 70/1 ( "Trio des esprits"). Schreiber, Landowski et de Larochelambert, qui ont joué dans les plus grandes salles de concert d'Europe ainsi qu'au Carnegie Hall de New York, savent par dessus tout nous faire [vivre] une expérience dans le cœur de l’œuvre - le mouvement lent central - avec des sons blêmes et fantomatiques, des grappes d'accords sombres et un chant gracieusement mélancolique.
Dans le 1er mouvement, Beethoven n'y va pas de main morte avec ses octaves parallèles, mais ce motif énergique présenté à l'unisson est confronté à un thème secondaire tendre et délicat. Le Trio Chausson souligne bien ce contraste et prend soin de faire s'envoler l'obscurité et le poids de la terre.
La soirée avait débuté avec un Trio Hob. XV:1 de Joseph Haydn élégant, dans un jeu dosant de façon ludique poids et légèreté, avec subtilité, finesse, vivacité et danse.
Des sonorités intimistes d'une valse pleine de fantaisie suivent plus tard, dans une transcription pour trio du Bal de la "Symphonie fantastique" de Berlioz. Un superbe mélange de murmure et perles au piano s'alliant à la fraîcheur et à la passion mélodique des parties de cordes. D'abondants applaudissements ont suivi.
Les bis, eux aussi, ont fait forte impression. Le second mouvement du 2e trio de Schubert est un fleuron du répertoire de trio et a été joué avec ferveur et une clarté séduisante. A la fin, le trio a su convaincre dans une Mort d'Isolde de Richard Wagner riche en tremolos, avec une sonorité poignante et une transfiguration finale quasi insaisissable.
BAD DRIBURG: RATHAUSSAAL
Paru le 22 mars 2016 dans le Westfalen - Blatt, Dagamr Korth
"Un jeu impressionnant de beauté et d'énergie"
La société de musique Bad Driburg avait réussi à engager le célèbre (internationalement) "Trio Chausson", qui s'est produit à la mairie de Bad Driburg.
Ce concert de musique de chambre a commencé avec le Trio op.70/1 de Beethoven. Les trois musiciens - Leonard Schreiber, violon, Antoine Landowski, violoncelle et Boris de Larochelambert, piano – ont interprété cette œuvre avec passion. Le vaste courant mélodramatique du premier mouvement s'est développé avec spontanéité et énergie mais sans lourdeur. L'interaction entre le violon et le violoncelle fut une réussite d'élégance, subtilement rehaussée par le jeu délicat du pianiste. Les trois musiciens se sont investis avec équilibre dans les variations constantes de tension et de détente, maintenant un équilibre heureux entre l'impétuosité des accès de mauvaise humeur beethovénienne et la maîtrise de la forme classique.
Dosant soigneusement les effets de clair-obscur, la structure subtile des progressions polyphoniques et l'harmonie des correspondances entre les trois instruments, les invités français ont offert une soirée de trio du meilleur genre dans la mairie de Bad Driburg où, malgré tout leur professionnalisme, la charmante représentation du ludique/de l'espièglerie ne fut pas en reste.
Leur Beethoven, caractérisé par de riches variations de tensions intérieures et d'expression, ainsi que par un équilibre souverain entre les voix, ne pouvait que tenir en haleine. On pourrait parler d'une beauté énergique.
Cette impression a même complètement dominé dans la deuxième œuvre de la soirée, un arrangement pour trio de la Mort d'Isolde de Richard Wagner qui a préservé l'énorme densité motivique de cette musique, portée par une mélancolie sinistre et inquiétante. Le trio a réussi à développer dans cette pièce une tension énorme ; l'intensité de l'action y a été façonnée de façon aussi créative que ses interruptions résignées.
C'est avec la précision technique la plus élevée et la plus minutieuse que les trois hommes se sont attaqués au Trio en ut mineur op.101 de Johannes Brahms, où ils se sont montrés tout aussi convaincants grâce à leurs qualités exquises. Les aspects romantiques de la pièce ont trouvé leur écho dans un jeu d'ensemble impeccable et vivant. Le trio réussi à allier [a marqué, comme au football] envergure de la vision (dans la longueur) et ardeur impulsive. Les phrases du sombre intermède du 2e mouvement, oscillant constamment entre majeur et mineur, se sont aussi déroulées avec transparence. Les musiciens l'ont construit avec profondeur et joué de façon splendide, offrant à Brahms une opulente palette de richesse de couleurs et de sonorités. La douce lumière de la mélancolie brahmsienne et le tendre lyrisme du 3e mouvement ont été également merveilleusement façonnés. En bref, un beau et noble cadeau aux Amis de la musique de chambre.
En conclusion du programme, l'Introduction et Polonaise brillante op.3 de Frédéric Chopin. Une œuvre rarement entendue - Chopin s'est pleinement consacré à la musique pour piano et n'a écrit de musique de chambre qu'occasionnellement -, qui charme l'oreille à la manière des romantiques tardifs. Le "Trio Chausson" l'a également joué avec verve et précision.
Une soirée de grand plaisir musical, qui s'est achevée sur une petite surprise: l'anniversaire du pianiste, que ses collègues lui ont souhaité en musique.
BENSHEIM: PARKTHEATER
Paru le 19 janvier 2016 dans le Bergsträßer Anzeiger, Klaus Roß
Amis des arts de Bensheim: le Trio Chausson invité au Parktheater dans un programme d'exquises raretés. Des découvertes pour les fans de romantisme
Des raretés romantiques (russe et française) et un Ravel excitant - bien connu, mais pas dans cette rare transcription - : d'entrée de jeu, avec une combinaison d’œuvres faisant l'impasse sur le répertoire habituel, le Trio Chausson, venu de Paris, a apporté une touche particulière à ce 5e concert des Amis de la culture de Bensheim. Sur le plan interprétatif, cet ensemble fondé en 2001 a offert à un Parktheater bondé un concert irréprochable.
Nous avons été avant tout été bluffé par la parfaite intégration du nouveau violoniste belge Leonard Schreiber: il a, en quelques mois à peine, formé une entité artistique sans faille avec les deux membres fondateurs, Boris de Larochelambert (piano) et Antoine Landowski (violoncelle).
Anton Arensky marche dignement dans les traces de son ami Tchaïkovsky avec son trio en ré mineur, composé en 1894, dont les Chausson ont merveilleusement rendu le charme mélodique - si varié - et sonore, avec autant de passion que d'élégance. Ils ont démontré de manière impressionnante que la proverbiale «âme russe» n'a décidément nul besoin d'un pathos pompeux pour se dévoiler. De la douce aisance du premier mouvement au Final pointé (avec feu), en passant par un Scherzo léger comme une plume et une Elégie au lyrisme intense, ce fut un plaidoyer d' «extra-classe» pour Arensky.
Chaleureuse convivialité
Boris de Larochelambert a prouvé, dans sa très sympathique et agréable transcription pour trio du "hit" de Ravel, la Valse, qu'il est tout aussi virtuose en tant qu'arrangeur qu'en tant que pianiste. Si elle pouvait manquer (par rapport à l'original pour orchestre) de violence et de couleur, elle a en revanche rendu justice à l’œuvre en termes de clarté et de mouvance dans la conduite des lignes. Leur jeu d'ensemble, épatant de tension et d'énergie, a assuré le meilleur effet à cette adaptation originale – grandiose « conclusion furieuse » incluse.
Nos invités ont également atteint le son juste dans le trio de "leur" compositeur Ernest Chausson (associé au romantisme tardif et avant tout à César Franck), et ce de façon de fantastique et rêvée. Il n'a pu subsister aucun doute quant au rang musical de cette œuvre en quatre mouvements, d'expression classieuse et truffée de finesses d'harmonie, après cette exécution exemplaire par son opulence sonore. La profonde mélancolie de Chausson a été tout aussi bien mise en valeur - de façon suggestive - que sa vitalité débordante, parfaitement rendue dans son essence dans le fantaisiste Scherzo et dans le Final, riche en contrastes. Le pianiste, exceptionnellement sensible aux couleurs, et les deux cordes - qui se sont délectées de façon merveilleusement raffinée – ont brillé à foison et de tout leur éclat.
Le populaire Notturno de Schubert D 897 en Mi bémol majeur, bis exquis, a suivi après de grands applaudissements.
DISQUE CHAMINADE - DEBUSSY - LENORMAND (Mirare)
Critique parue dans Classica, juin 2012, Jacques Bonnaure
[ Chaminade ] Une artiste intensément lyrique, capable d'organiser de belles structures comme ce second Trio.
[ Debussy ] Avec quelques grâces un peu mondaines héritées de Massenet ou Delibes, ce qui valait naguère une excommunication musicale majeure, ce Trio classique est d'un charme prenant.
[ Lenormand ] Cet inconnu mériterait d'être un peu plus illustré pour son Trio en sol mineur, partition ample mais pas profuse, toujours animée d'un lyrisme que l'on croyait bien étranger aux français de cette époque, et relativement audacieuse du point de vue harmonique.
Le trio Chausson a eu la main heureuse avec ce couplage qui prouve à quel point la tradition chambriste était vivante à la fin du XIXe siècle et ne se limitait pas aux compositeurs de premier plan. Les qualités d'interprétation que l'on avait remarquées dans les enregistrements précédents sont toujours là : précision, équilibre et surtout intensité de l'engagement, avec cependant un brio et un son sans lourdeur qui convient bien à la musique française, même romantique.
Critique parue dans Le Monde, 8 mai 2012, Marie-Aude Roux
Le jeune Trio Chausson, ainsi nommé en hommage au compositeur Ernest Chausson, s'est fait porte-parole de la musique française. Il n'est que d'écouter ce dernier disque, qui mêle à l'unique Trio de jeunesse de Claude Debussy les œuvres de deux compositeurs rares. L'un, que Georges Bizet appelait son "petit Mozart", est une femme, Cécile Chaminade (1857-1944), dont l'inspiration ne démérite pas. L'autre est un parfait inconnu - René Lenormand (1846-1932) - et son œuvre une découverte: une musique expressive et charnue, nimbée d'une aura germanique, que le trio Chausson sert avec un bonheur gourmand et une liberté de ton ensorceleuse.
MUNICH: HERKULESSAAL
Paru le 12 avril 2011 dans le Süddeutsche Zeitung, Harald Eggebrecht
Le jeune trio Chausson, plusieurs fois récompensé, possède virtuosité instrumentale, richesse de couleurs, sens de l'équilibre, charme individuel, finesse rythmique et joue avec une haute conscience musicale. Ainsi leur Haydn sonne spirituel, léger et articulé avec intelligence. Le trio op.8 de Chopin s'épanouit sous les doigts des Chausson, tout en tendresse mélodique et avec une élégance chorégraphique. [...]
Puis c'est la surprise d'un trio de Ravel excitant, avec sa conclusion en hystérie de trilles. La façon dont les trois musiciens atteignent des pianissimi impalpables, réussissent des harmoniques merveilleuses, créent un tissu sonore des plus délicats mais souplement élastique, ou rendent au contraire la vitalité de Ravel avec de puissants jaillissements de couleurs, cela fut une expérience excitante et passionnante. En bis, le Notturno de Schubert, donné avec un grand pathos et un sens aigu de la vulnérabilité schubertienne, dynamiquement et harmoniquement. On aimerait réentendre bientôt ces français inspirés.
HANOVRE: BEETHOVENSAAL
Paru le 19 mars 2011 dans l'Hannoversche Allgemeine Zeitung, Günter Helms
En lieu et place du trio de Ravel en la, passage quasi-obligé pour un trio français, les trois membres de l'encore jeune trio Chausson ont interprété une transcription resplendissante, témoin de leurs qualités d'écriture.
Ils ont réduit sans hésiter la gigantesque Valse orchestrale de Ravel, épatant Hanovre avec des effets sonores croustillants, une mise en place et un raffinement fous; de quoi faire oublier toute aspiration à l'original. Un plaidoyer resplendissant pour le "connu méconnu" et une conclusion tout autant aboutie à la seconde partie, où ils ont sorti le trio de Chopin de son "existence de niche".
Et que dire du véritable bis, le Notturno de Schubert, sinon que derrière leurs sonorités enchanteresses et célestes, on aurait pu entendre voler une mouche?
TOURS: HÔTEL DE VILLE
Paru le 27 novembre 2010 dans la Nouvelle République
A l'Hôtel de ville de Tours s'achevait, hier, un chapitre du grand album des Fêtes Musicales consacré à l'intégrale des trios de Beethoven. Mercredi, le trio Chausson en ouverture, empoignait les n° 1 et 6 avec autant d'enthousiasme que de complicité, porté par un souffle commun fait tout à la fois de sensibilité jamais mièvre et d'ardeur souvent volcanique. Par l'élan des phrasés et la vigueur des contrastes, par l'alliance des sonorités pourtant si individualisées, les Chausson faisaient jaillir toute la vitalité novatrice que le printemps du romantisme a déposée au creux de ces pages.
DISQUE CHOPIN - LISZT (Mirare)
Critique parue dans Diapason, avril 2010, Jérome Bastianelli
Le nouvel enregistrement du jeune Trio Chausson [...] est passionnant par son programme: le rare opus 8 de Chopin y voisine avec deux transcriptions, l'une (personnelle mais très réussie) de l'Introduction et Polonaise op.3, l'autre de la Vallée d'Obermann. [...]
L'interprétation du trio de Chopin est plus inspirée que celle proposée, dans le même temps, par [...]: phrasés plus souples, atmosphère plus subtile, traits moins forcés. Le piano de Boris de Larochelambert mérite une mention particulière pour sa sonorité lumineuse et ses élans légers et gracieux. Au violoncelle, Antoine Landowski apporte à ces lectures une densité jamais pesante: les tensions qu'il imprime au discours ne sont ni brutales ni impulsives. [...]
La transcription pour trio de l'opus 3 de Chopin est un vrai bonheur: le violoncelle trouve dans le violon un partenaire enthousiaste pour affronter les tourbillons de la partition; défendue en outre avec beaucoup de brio, elle perd en caractère démonstratif ce qu'elle gagne en équilibre.
Critique parue dans Pianiste, avril 2010, Olivier Erouart
Cet enregistrement rappelle avec pertinence le lien qui unissait Franz Liszt à Frédéric Chopin, qui dédia ses 12 études op.10 à son cadet d'une année. Liszt, ignorant la jalousie, prit fait et cause pour l’œuvre de son ami au point de lui consacrer un ouvrage récemment réédité (Archi Poche).
Entre les deux pages de jeunesse de Chopin, le Trio Chausson choisit une des transcriptions les plus proches de la version originale de 1840 de la Vallée d'Obermann et s'affirme comme l'un des meilleurs ensembles de musique de chambre. Les éminentes qualités instrumentales des trois musiciens sont mises au profit d'une réflexion poétique sur le texte et sur le sens de l'interprétation. Au Chopin enfiévré et juvénile de l'Introduction et Polonaise brillante transcrite pour piano, violon et violoncelle, le Trio Chausson oppose un Opus 8 plus sombre, plus tendu. Le récit se fait plus épique avec le quasi-poème symphonique de Liszt, où l'on s'émerveille de la qualité des nuances, de la recherche de couleurs et de l'équilibre instrumental (écoutez les premières minutes de la Vallée d'Obermann et les rapports tension/détente) qui ne nuit jamais à la souplesse du jeu, à la sonorité tantôt lumineuse tantôt en demi-teinte et à une expressivité musicale qui ne s'appesantit jamais. Après les trio de Chausson et Ravel salués dans ces colonnes, il y a quelques mois, le jeune Trio Chausson (2001) s'impose et l'on suivra avec intérêt leurs prochains disques et leurs prochains concerts.
BADEN-BADEN : FESTSPIELHAUS
Confrontation expressive – Joseph Kloppenburg, BNN, juillet 2008
Le trio Chausson nous a offert une agréable matinée musicale au Festspielhaus. Les trois français ont joué beaucoup d'engagement le deuxième trio de Brahms et l'unique trio de leur compatriote et compositeur tutélaire, Ernest Chausson. Un grand soin a été apporté dans ces deux œuvres à l'interprétation des détails mélodiques et à l'extériorisation passionnée d'une expressivité hautement dramatique.
[Chausson] Les musiciens sont parfaitement familiers de ces extrémités du sentiment et de l'interprétation, résonnant d'inflexions franckistes mais aussi wagnériennes, - et ont joué de façon très authentique. Le pianiste Boris de Larochelambert a fait émerger progressivement du brouillard l'introduction lente et hésitante avant de préciser soigneusement ses contours, les deux cordes prolongeant le discours en mêlant sensibilité mélancolique et férocité éruptive.
Le trio Chausson a fait preuve d'un grand tempérament, jouant avec les limites dynamiques et agogiques, toujours avec une remarquable et exceptionnelle intelligence musicale, dosant fougue et véhémence et évitant toute brusquerie dans les contrastes.
Les trois musiciens ont aussi formidablement bien interprété l'opus 87 de Brahms, donné avec brillance et virtuosité. Toujours attentifs les uns aux autres dans la communication musicale, s'apportant mutuellement dans l'agogique, ils ont fait naître les variations séparées du mouvement lent de très belle manière et ont réussi une fin sublime de majesté. La matinée a été couronnée en bis du finale du trio Hob. XV: 27 de Haydn ; ce presto, musicalement convainquant, a été enthousiasmant d'élan, de vivacité et de variété.
DISQUE SCHUBERT (Mirare)
Critique parue dans le Monde de la musique, avril 2008, Patrick Szersnowicz
Sans toujours créer des contrastes dont on croit trop souvent la partition exempte, le trio Chausson augmenté de remarquables altiste et contrebassiste offre une lecture du quintette « la Truite » qui ne manque ni de finesse ni d'énergie. […] Les interprètes privilégient la limpidité de l'articulation et des inflexions et font perdre à l'œuvre un peu de son caractère mondain.
Critique parue dans Classica, avril 2008, Antoine Mignon
A propos du trio op.100 : On retrouve leur belle homogénéité sonore, notamment aux cordes, et leur grande énergie. […] Ils arrivent à faire vivre parfaitement la musique grâce à un excellent sens de la phrase et de l'architecture des mouvements, et grâce à leur grande union : incontestablement, le Trio Chausson est arrivé en peu de temps à être un trio pour piano digne de ce nom, ce que bon nombre d'ensembles n'obtiennent qu'au bout d'un chemin musical bien plus long.
A propos du quintette « la Truite » : Les musiciens savent y insuffler une vigueur rythmique très satisfaisante, et la sonorité globale est généreuse. Ici aussi, la musique avance et vit. […] Le trio Chausson a de belles années devant lui.
Critique parue dans Le midi libre, 11 février 2008, Michèle Fizaine
On découvre comme neuf le Trio n° 2 pour piano op. 100. Entre enjouement et nostalgie, Philippe Talec et Antoine Landowski savent doser l'émotion, et Boris de Larochelambert impose le piano, lui donne la voix maîtresse. Il y a là quelque chose de fiévreux, un souffle qui s'engouffre dès le premier mouvement. L'Andante est bouleversant. L'altiste Noriko Inoué et la contrebassiste Pénélope Poincheval font cause commune avec le trio dans le célébrissime Quintette en la majeur op.114 La Truite. Tous étonnent par leur engagement, leur humour de vrais musiciens, virtuoses par excellence, mais sérieux par plaisir. Ils sont Rising Star de la saison, et bientôt au firmament.
MOZARTEUM, SALZBURG
Paru le 26 février 2008 dans Drehpunktkultur Salzburg, Elisabeth Aumiller
Un monde de couleurs fascinantes
Une soirée de musique de chambre de haute volée avec des œuvres de Mozart, Bowen, Ravel et Chausson. Un jeu passionnant, captivant et vibrant; du feu, de l'élan et de l'énergie. Les trois jeunes musiciens font montre d'une écoute précise, s'inspirent mutuellement, épousant les phrasés les uns des autres, les développant pour aboutir à un son d'ensemble d'une intense plénitude expressive.
Le trio, qui peut se prévaloir de succès et distinctions internationales, privilégie une grande qualité de son et une belle richesse de couleurs, sans que ce soit au détriment de l'élégance ou de la transparence ; la musique devient une expérience sonore sensuelle. La virtuosité et la brillance ne sont pas une fin en soi, mais un moyen d'expression de la joie musicale et de leur dévotion à la musique [...]
Les musiciens sont dans leur élément dans le trio de Ravel en la. C'est leur langue, et ils y développent une gamme de couleurs d'une grande variété, déployant tour à tour de douces sonorités pastel, des fluorescences intenses et de longues lignes de force. Les rafales et tempêtes défilent tout comme les tendres étincelles. Les dissonances ne sont pas éludées mais ajoutent à l'expressivité. Les éléments folkloriques se glissent avec une gracieuse légèreté. Une lecture impressionnante de cette œuvre composée peu de temps avant l'éclatement de la première guerre dans le sud de la France.
Les français révèlent le trio composé en 1945 par l'anglais York Bowen avec beaucoup d'imagination dans le flot musical. La force dramatique est prédominante, mais ils saisissent chaque occasion de revenir à une expression intime du sentiment. Le violon savoure le romantisme des phrases lyriques d'une façon exquise.
Dans le trio de Chausson op.3, composé en 1881, il devient clair que la musique est pour les interprètes une affaire de cœur. C'est en véritables gourmets qu'ils rendent la magie de cette œuvre et s'y identifient pleinement, de façon affirmée. Ils ne laissent pas le fond mélancolique de l'œuvre la faire sombrer dans les ténèbres, mais conservent, non sans opiniâtreté, l'élégance de la conduite des lignes, développant un effet d'apesanteur mystérieuse. Grands applaudissements pour les jeunes musiciens, promis -à raison- à un grand avenir.
DISQUE CHAUSSON - RAVEL (Mirare)
Critique parue dans Classica, février 2008, Jacques Bonnaure
[...] La formation qui a choisi pour emblème Chausson réunit depuis 2001 de jeunes solistes qui se sont fait un nom et s'imposent désormais dans le paysage très mouvant de la musique de chambre française. Soit dit en passant, ils témoignent de la très haute qualité de la formation instrumentale française. Dans ces deux trios, ils ne sont en rien inférieurs à leurs aînés, même prestigieux.
[... Chausson :] ici c'est l'inspiration la plus généreuse, la plus ardemment lyrique, la plus personnelle que l'on ressent constamment. Le dialogue des interprètes est équilibré, à la fois fluide et tendu et le son d'ensemble est d'une souveraine beauté.
[... Ravel :] Il y faut les mêmes qualités que pour les trios des époques antérieures, mais aussi un travail particulier du son, que le Trio Chausson a parfaitement compris, jouant à la fois sur le dosage des timbres, l'acuité des rythmes, et même, dans le finale, une certaine violence.
Pour les deux trios, nous sommes donc en présence de nouvelles versions de référence, à inscrire dans une discothèque de base de la musique de chambre française.
Critique parue sur Classiquenews.com en janvier 2008, Ernst van Beck
L'entente à l’œuvre entre chaque soliste (en particulier le piano murmuré de Boris de Larochelambert) permet de voyager de la forme cyclique de Chausson dans son Trio de 1881, l'un des joyaux de la musique française, point d'admiration et même de vénération par de nombreux parnassiens dont Marcel Proust, qui déposa le souvenir transfiguré de l’œuvre dans l'évocation de sa fameuse Sonate de Vinteuil , jusqu'aux formes ouvertes et interrogatives du Trio de Ravel écrit juste avant la première guerre (1914): la fluctuation presque capricieuse des climats et caractères qu'alterne Ravel est un défi pour les interprètes qui doivent trouver au tréfonds de leur expérience intime l'intensité et le souffle requis, atteindre cette ligne médiane entre ardeur et mémoire. Ce premier disque révèle le jeu tour à tour ciselé, enfiévré sans appui, habité et musical du Trio Chausson, formation française qui a remporté en 2005 le concours de Weimar. Première carte de visite, affichant d'indiscutables promesses donc de prochains vaillants succès.
Critique parue dans le magazine Pianiste en décembre 2007, Olivier Erouart
Lauréat du concours de Weimar en 2005, le Trio Chausson affirme l'éclat de la musique de chambre avec cet enregistrement remarquable et défendu avec conviction par ses trois protagonistes. [...] Leur connivence permet à chacun des trois interprètes de faire preuve d'une belle liberté tout en étant respectueux du texte. Au-delà de la clarté des plans sonores idéalement équilibrés, les trois musiciens évoluent dans un univers en demi-teintes. Si le souffle romantique passionnel parcourt le trio de Chausson, celui-ci n'est jamais exacerbé. Le piano vibrant d'intensité de Boris de Larochelambert s'efface pour laisser les cordes chanter avec plénitude. Le trio de Ravel se révèle avec exactitude, laissant percer quelques fulgurances graves voire tragiques (Passacaille) et humoristiques (Pantoum). Bravo!
MUSIKVEREIN, VIENNE
Paru le 9 janvier 2008 dans Die Presse, Karl Gaulhoffer
Le trio Chausson, Rising Star : une mélancolie de première classe, le pied léger
Qu'est-ce qui différencie l'esthétique musicale française de la nôtre ? Si l'on se réfère à la virulente polémique nietzschéenne (pro-Carmen et anti-Wagner) : «cette musique nous vient avec légèreté, souplesse et politesse. Elle est aimable, ne transpire pas. Tout ce qui est bon est léger, tout ce qui est divin court sur la pointe des pieds ».
Le trio Chausson a montré ce mardi au Musikverein que cette maxime s'applique tout naturellement à l'art et la manière des musiciens. Les trois jeunes virtuoses français forment la troisième partie du cycle Rising Stars, une tournée européenne des meilleurs nouvelles recrues musicales du continent.
C'est avec la passion de la jeunesse que les trois musiciens se sont attaqués à Haydn, Ravel, York Bowen et enfin Chausson, leur compositeur tutélaire ; ces œuvres constituent un bon aperçu de leur répertoire. Ils se sont judicieusement tenus à des pièces où ils ont pu briller de toute la gamme de l'émotion juvénile, de l'exubérance à la mélancolie [Weltschmerz, notion emblématique du romantisme allemand].
C'est avec la légèreté d'un « amuse-oreille » [sic] qu'ils abordent Haydn, dit avec tendresse, le piano joyeusement perlé délicatement souligné par les cordes. Ils se tournent ensuite vers la rudesse du rythme ravélien, issu du folklore basque, qu'ils agrémentent du piquant d'une bravade élégiaque.
Romantique tardif reloaded
Mais la véritable surprise survient après l'entracte. Il est vrai que Chausson et Bowen sont relativement inconnus [...] dans nos contrées. Mais la façon dont ces trois jeunes gens, issus du CNSM de Paris, insufflent une vie nouvelle à leurs compositeurs préférés du romantique tardif, voire finissant, la façon dont ils dépoussièrent cette musique foisonnante d'ornements, personne n'est prêt de pouvoir l'imiter! Ils s'aventurent sans compromis dans ces mélodies luxuriantes - pas forcément exigeantes - , mais lorsque le mélo menace, ils s'en détournent avec un charme infini, dans le recul d'une douce ironie.
Une musique [...] interprétée par des musiciens dont l'enthousiasme a gagné jusqu'aux derniers rangs.
AUDITORIUM DU MUSEE D'ORSAY, PARIS
Paru dans ConcertoNet.com le 17 janvier 2007, Simon Corley
Le Musée d'Orsay a récemment inauguré son cycle Brahms/Fauré, mais il n'en poursuit pas moins celui consacré à Maurice Denis, avec un jeune trio qui a pris le nom d'Ernest Chausson, un compositeur qui fut l'ami du peintre nabi. De bonnes fées n'ont pas tardé à se pencher sur le berceau de cette formation constituée depuis 2001: CulturesFrance (ex-AFAA), Société Générale, ADAMI et, pour la prochaine saison, le programme international «Rising stars». Une reconnaissance qui n'est pas déméritée si l'on en juge par ce programme original, associant deux partitions de belle ampleur (une demi-heure environ), témoignant, ainsi que le rappellent fort justement les notes d'Hélène Pierrakos, de la renaissance de la musique de chambre française sous l'impulsion de la Société nationale de musique, dont Saint-Saëns et Chausson furent des membres actifs.
A tout seigneur tout honneur, c'est le Trio (1881) de Chausson qui ouvrait la marche. Intense, parfois presque violente, d'une belle plénitude, l'interprétation est à la hauteur de cet opus 3 où toutes les caractéristiques du style de l'auteur du Poème de l'amour et de la mer sont déjà présentes: mélancolie, générosité, noblesse, lyrisme, densité, rêve.
Véritable rareté, le Second trio (1892) de Saint-Saëns est également typique de son créateur: qualité d'écriture, solidité de la construction, élégance et, surtout, variété des climats, le propos sérieux et développé, quasiment brahmsien, des mouvements extrêmes contrastant avec les trois brefs intermèdes centraux, notamment une valse légère (quatrième mouvement). Si l'œuvre apparaît si peu à l'affiche, c'est peut-être aussi parce qu'elle effraie les musiciens, bien que son côté virtuose et spectaculaire soit très «payant» auprès du public: mention spéciale au pianiste Boris de Larochelambert, qui se mesure à la partie extrêmement périlleuse qui lui est dévolue.
FESTIVAL DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE St-JEAN-CAP-FERRAT ET BEAULIEU SUR MER
Paru le 16 août 2006 sur classiquenews.com, Alexandre Pham
Un trio [...] en phase de maturité et d'équilibre sonore : les musiciens du trio Ernest Chausson surprennent par leur intensité de jeu, l'accord trouvé entre les parties, les subtilités de lectures quant aux climats et à l'enchaînement des rythmes et des caractères.
Mais aux regards complices, d'une admirable connivence, en particulier entre les cordes, correspond la recherche constante de l'intensité et de l'hédonisme du son. Cette vitalité à l'œuvre, palpitante en maints épisodes, donne relief aux sentiments mêlés d'amertume et d'abandon, de lyrisme et d'ardeur conquérante. Première œuvre importante dans le catalogue du compositeur (1881) [...] , le trio de Chausson exulte littéralement par la fougue et l'entrain des interprètes ; non pas une fougue aveugle et agressive, mais l'expression d'une énergie et d'une conscience canalisée par l'art de la subtilité, de l'élégance et de la nuance. Le piano de Boris de Larochelambert apporte à cette indéniable réussite sa sensibilité complice : toucher évocatoire, ici pictural, associant la lisibilité de la ligne mélodique à la richesse des climats harmoniques. L'écoute pratiquée de façon permanente entre chaque instrumentiste fait du trio un prodige de conversation musicale, une entente à trois. D'un bout à l'autre, l'instinct gagne en profondeur et en fluidité. Investi, vécu, palpitant, toujours juste et jamais emphatique, voilà un trio pleinement assumé, qui parle à l'oreille, enivre l'âme, touche le cœur.
CORUM, FESTIVAL DE MONTPELLIER - RADIO FRANCE
Paru le 13 juillet 2006 dans le Midi Libre, Michèle Fizaine
Jeunes solistes: un talent du feu de Dieu
Ouverture du Festival de Radio France par le Trio Chausson, hier à 12h30, rendez-vous quotidien des jeunes solistes: on souhaite que la musique atteigne un tel bonheur pendant deux semaines! Les pièces pour violon, violoncelle et piano de Brahms et Ravel mettent en avant le son généreux du trio, son talent, son audace, vive, intelligente. Entre les interprètes, c'est une communion du feu de Dieu, avec des tempéraments différents. Le pianiste Boris de Larochelambert possède une variété de nuances, une virtuosité aussi ailée que fulgurante. Le violoniste Philippe est plus redoutable encore par son incroyable poésie éthérée et sa vivacité gamine, fruitée. La passion leur est commune et Antoine Landowski a une présence intense au violoncelle. Il enracine Brahms, "chante" à pleine voix, accentue chez Ravel le tragique et l'idéal. Ces trois-là ont de la folie à revendre, et leur bis le dit assez bien (Haydn).
CONCERT A ILLZACH
Paru le 20 janvier 2006 dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, Pierre Chevreau
La deuxième partie du concert a mis à l'honneur le trio Chausson qui a remporté le Prix de Musique française lors du 14e concours d'Illzach en 2005. Le trio « Dumky » est l'une des œuvres les plus populaires de Dvorak. Elle est composée de six dumky (œuvres lyriques, cousines de la rêverie et de la ballade), où Philippe Talec, (violon), Antoine Landowski (violoncelle) et Boris de Larochelambert (piano), ont tenu un discours juste, naturellement slave, sincère et d'une qualité instrumentale achevée. Leur inspiration ne paraît pas faite d'intentions juxtaposées mais semble au contraire suivre le fil intérieur d'un unique et long phrasé. Le vibrato et les couleurs sonores des trois instrumentistes atteignent une rare cohésion et leur communion s'exprime par une souveraine mise en place. Ce remarquable trio a apporté un indéniable et nécessaire parfum d'authenticité. On relèvera surtout de cette interprétation l'enthousiasme et la vitalité déployés tant par le choix des tempos que dans la caractérisation des divers climats.
CONCOURS INTERNATIONAL DE MUSIQUE DE CHAMBRE JOACHIM DE WEIMAR
Paru le 14 novembre 2005 dans le Thüringer Allgemeine
Lors du concert des lauréats, le Trio Chausson a fait la preuve, avec le trio en Do M de Haydn, de sa souveraineté de rang international à un public enthousiasmé . Peu d'ensembles reconnus nous ont donné à entendre une telle unité dans l'intimité et la symbiose. Les musiciens ont su convaincre par la force expressive de leur jeu et leur virtuosité stupéfiante, dont ils ont tiré parti tant dans le presto-finale étourdissant que dans le mouvement lent, où le Trio a trouvé un monde de possibilités de différences dynamiques.
Paru en janvier 2006 dans le Magazin für Kammermusik
[...] Et un ensemble tel que le Trio Chausson, avec son pianiste Boris de Larochelambert, qui individuellement pense déjà comme un chambriste, ne pouvait se placer qu'au premier plan.
En fait - après la performance du Trio Chausson lors de la demi finale - on pouvait déjà se faire une idée de la répartition des places. [...] Mais après qu'ils eurent mené, avec beaucoup de caractère (Humor) dans sa dimension dramatique, le trio de Haydn - et ce avec le sentiment grisant que leur confondante intensité d'écoute et de réaction, si maîtrisée, donnait naissance à une interprétation fraîche et librement musicale - , il apparut clairement à qui devait revenir la première place. Et pourtant le Trio monta encore en puissance.
Les trois français trouvèrent avec facilité dans le trio op.8 de Brahms l'accentuation juste, une pleine maturité de construction jusque dans la conception mélodique du compositeur - ce fut une interprétation enivrante de cette œuvre admirable. Enfin, leur exécution du trio de Ravel ne fit que souligner une performance qui appartient aux grandes scènes. La décision du jury, heureusement, fut celle que l'on attendait.
CONCOURS INTERNATIONAL DE MUSIQUE DE CHAMBRE D'ILLZACH
Paru le 17 mars 2005 dans l'Alsace
Le festival 2005 de musique de chambre à l'Espace 110 a été un grand millésime. C'est finalement le déjà célèbre Trio Chausson qui a décroché le prix de la Spedidam [...]. Le Trio Chausson a présenté le Trio n°1 en si majeur de Brahms. Le dialogue entre le violoncelle (Antoine Landowski) et le violon (Philippe Talec), très complices, a souligné la grande qualité mélodique du morceau. Boris de Larochelambert, au piano, a soufflé le chaud ou le froid, selon l'intention de la partition. Toute l'exubérance de la jeunesse s'est exprimée dans un romantisme échevelé.
Paru le 22 mars 2005 dans les Dernières Nouvelles d'Alsace
Ce concours s'est achevé en apothéose [...] avec un concert des lauréats époustouflant.[...] Les musiciens du Trio Chausson ont régalé les âmes de leur fougue et volupté en un trio de Johannes Brahms ensorcelant, une œuvre de jeunesse, excessive et pleine de joie de ce compositeur. Le Trio Chausson repartira avec dans son escarcelle le prix de la Spedidam et l'ovation du public qui leur réclamait un bis volontiers dispensé.
KUHMO Arts Center (Finlande)
Paru le 8 juin 2005 dans le Kainuun Sanomat
L'interprétation du trio de Chausson par le Trio Chausson a offert un contraste agréable avec le quatuor à cordes de Puumala. Cette pièce est habitée d'échos de la période wagnérienne de Chausson. [...] Le flot romantique et la beauté des mélodies a transporté les auditeurs dans le rêve. Le Trio Chausson a su mettre en lumière les instants sensibles tout autant que les accès de pathos passionnés dans une exécution riches en nuances et rythmiquement parfaite. Leur conduite énergique a apporté une fraîcheur vivante à cette œuvre, qui sans cela pourrait devenir trop sucrée.
En tant que passionné de musique contemporaine, j'ai été surpris: dans ce concert, c'est par le romantisme de Chausson que j'ai été le plus impressionné - et le charme violonistique de Philippe Talec n'y est pas étranger. La richesse du monde de la musique offre de nombreux remèdes aux maux et besoins de chacun.